À l'aide Mr Barrette, mes enfants et moi n'avons pas le droit d'être malade!



Nous le savions très bien, depuis quelques années, que le décompte des années, mois et semaines restantes pour plusieurs de nos collègues infirmières bientôt à la retraite tirerait à sa fin.  Nous avons organisé beaucoup de souper de retraite ces dernières années, mangé du gâteau et versé quelques larmes à voir nos chères collègues accrocher leurs saraux.  Le manque de personnel se fait de plus en plus ressentir,  mais ce n'est pas grave, les jeunes viendront les remplacer! Le problème, c'est qu'il n'y a pas de poste et d'autres postes sont coupés!

Ne vous trompez pas, j'adore mon métier, je ne le changerais pour rien au monde, mais la situation m'inquiète...

Je travaille dans un bloc opératoire, en colposcopie et en endoscopie.  Je me sens privilégiée de pouvoir toucher à ces départements, avec une si belle équipe en plus.  Le problème est que le nombre de joueur dans l'équipe diminu à une vitesse alarmante.  Dans mes 12 ans de pratique, je n'ai jamais vu autant de collègues partir en congé de maladie que ces derniers mois.  Lorsque j'ai appris cette semaine qu'une autre collègue partait en maladie, j'ai ressenti une inquiétude pour elle d'abord et ensuite, j'ai réalisé que je devrai être de garde aux trois jours!

Ne vous trompez pas, j'aime mon métier, je ne le changerais pour rien au monde, mais je commence à me sentir un peu en otage.

Je reçois des courriels de l'école à toutes les semaines citant qu'il y a présence de poux, scarlatine, streptocoque hémolytique A, varicelle, dans la classe de mes enfants.  Heureusement, mes enfants ne sont jamais malade.  En fait, les enfants de travailleurs de la santé n'ont pas le droit d'être malade.  À part il y a quelques semaines lorsque ma fille s'est levée avec un mal de gorge.  Je lui ai dit que c'est normal et que ça passerait.  Le soir après l'école, elle me répète qu'elle a encore mal.  Je regarde sa gorge et ses amygdales se font un ''high five'' bien collés!  Je ne peux manquer le travail car je suis de garde, encore, alors je lui fait une culture qui revient positive pour streptocoque A.  Je pars ensuite à la recherche d'une prescription d'antibiotiques question de ne pas avoir à annuler ma clinique de 24 patientes pour amener ma propre fille dans une clinique.

Deux semaines plus tard, l'école m'appelle car ma fille a vomit.  J'ose demander à la secrétaire si elle se sent mieux depuis qu'elle a vomit car il me reste deux coloscopies et mes patients attendent.... Évidemment, elle ne se sentait pas mieux, j'ai du aller la chercher.  Le soir, j'ai tellement souhaité qu'elle soit en forme le lendemain. À mon grand soulagement, elle s'est levé avec un grand sourire!

J'adore mon métier et je ne le changerait pour rien au monde mais le problème est que nous ne sommes pas assez d'infirmières.  Celles qui restent sont épuisées.  Si au moins mes enfants avaient le droit d'avoir des soins au même niveau que mes patients à l'hôpital.  Mes pauvres filles ont une mère qui est prise en otage au travail. Elles n'ont pas le droit d'être malade.




Alors Mr Barrette, je me demandais, si ce n'est pas possible de créer de nouveaux postes, ni de former d'autres infirmières, auriez-vous un vaccin qui protégerait mes enfants de tous les virus qui courent à l'école?

Et moi, si je suis malade?

J'aurais bien le droit de dire que j'ai droit à mes journées de maladies et que mes enfants sont ma priorités.  Elles le sont bien sûr.  Mais le métier d'infirmière est une vocation et j'éprouve un grand sentiment de responsabilité envers mes patients.  Je sais qu'ils attendent leurs examens ou chirurgies depuis longtemps et je veux leurs offrir les soins qu'ils méritent.  J'adore mon métier, je ne le changerais pour rien au monde, mais aujourd'hui je vous le dit à voix haute: nous avons besoins d'aide!






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