Mon nom est
Sarah et je suis infirmière depuis 20 ans. Je crois fermement que j’exerce la
plus belle profession. J’ai travaillé 19 ans dans le secteur public : à
l’urgence, aux soins intensifs, en salle d’accouchement, en salle d’opération,
en endoscopie et en colposcopie. Au fil des années, j’ai découvert un intérêt
particulier pour la gynécologie. Je me suis joint à la merveilleuse équipe de
VM Med tout récemment, une clinique spécialisée en cancer du sein et
radiologie.
Les
infirmières sont polyvalentes, mais, au fil des années, elles développent une
expertise dans un domaine particulier. Bien que la santé de la femme soit le
domaine qui stimule mon désir d’apprendre, je dois vous avouer que j’ai peu
côtoyé le cancer du sein dans le cadre de mon travail. Sachant que plusieurs
des patientes de la clinique sont atteintes de cancer du sein, ou sont dans un
processus de diagnostic, ou en rémission, il est donc de mon devoir d’en
apprendre davantage, non seulement sur le cancer du sein, mais également sur
l’accompagnement, tant sur le plan physique qu’émotionnel, car les soins
englobent ces deux sphères.
Je vous
présente un recueil de récits, écrit par des femmes inspirantes et courageuses,
qui m’ont permis de comprendre un peu plus leurs vécus à travers les Huit
Sphères de cette grande épreuve : Le diagnostic, L’attente, Les traitements,
L’estime de soi, La sexualité, La peur de récidive, Quoi ne pas dire et La
famille et les proches.
L’idée du
recueil m’est venue d’un besoin d’en connaître davantage, de mieux comprendre
et d’accompagner ces femmes avec attention et délicatesse. Il m’est venu aussi
l’idée de souligner cette cause au mois d’octobre et de sensibiliser
l’entourage. Lorsque j’ai lancé l’appel à la participation, j’ai été vraiment
émue et touchée par l’ouverture et la richesse des textes. Des textes qui m’ont
fait pleurer, apprendre et surtout grandir en tant qu’infirmière et comme
personne. Je remercie du plus profond de mon cœur toutes les femmes qui ont
contribué à cet outil qui sera, j’en suis certaine, d’un grand soutien aux
futures lectrices, leurs familles ainsi qu’à l’équipe médicale qui les
entourent.
J’ai encore
beaucoup à apprendre et sachez que j’ai énormément d’admiration pour toutes ces
femmes qui traversent cette épreuve.
Voici quelques citations du recueil:
Le récit de mon diagnostic
« Ce diagnostic gravement déstabilisant qu’est le cancer vient à lui seul
envahir chaque sphère de notre être. L’ombrage qu’il crée est effarant. Il est
une bête féroce ayant la patte prise au piège et que l’on doit apprendre à
maîtriser, à calmer. Il faut avoir assimilé qu’il est en soi notre propre piège
et que seule la résilience nous permet de le contrôler. » — Lucie Chantale
Bergeron
L’attente
« J’ai une tendance naturelle à tout contrôler. J’ai besoin de savoir, d’agir.
Aussi, l’attente entre les biopsies et l’appel du chirurgien avec les résultats
m’ont paru interminables. Cela a été, sans aucun doute, l’un des moments les
plus difficiles dans toute mon expérience avec le cancer. Je me savais
possiblement atteinte d’un cancer, mais ce n’était pas certain. Peut-être que
je ne m’en faisais pour rien et que dans quelques jours, on allait m’annoncer
qu’il s’agissait d’une fausse alerte, que j’allais pouvoir continuer la vie que
je connaissais. Peut-être que mes craintes étaient fondées et que j’allais
amorcer la bataille d’une vie et être confrontée à l’inconnu de la maladie. Ne
pas savoir, ça fait peur. L’attente, ce fut une perte des repères. Je faisais
les choses. Je fonctionnais. Mais je n’étais pas là. » — Dominique Langevin
Le traitement
« Bien sûr, il y a eu des moments difficiles. J’ai reçu des traitements de
chimiothérapie une fois par mois, pendant quatre mois. Chaque traitment
provoquait des nausées sévères, un goût métallique dans ma bouche et une
fatigue extrême pendant environ une semaine. Chaque fois que je vomissais et me
sentais misérable, je me réconfortais en pensant : « Je suis en voie de
guérison et de retrouver la santé. Cela aussi passera. » De même, lorsque mes
traitements ont pris fin, j’ai remercié mon médecin pour son excellent service
et j’ai ajouté : « Mais je ne veux plus jamais te revoir ! » — Gina Fogel
L’estime de soi
« Vous savez, dès que les premiers signes visibles du cancer apparaissent sur
notre corps, nous vivons toutes un choc lorsque nous croisons un miroir. Les
premières pertes de cheveux, les cicatrices, le teint de peau anormalement
différent. Bref, tous ces aspects qui font de nous une femme. Nous passons par
des étapes qui atteignent considérablement notre estime de soi, mais qui, au contraire,
doivent agir de levier pour retrouver la force en nous et l’envie de
s’accrocher à la vie. » — Ann Bergevin
La sexualité
« C’est dans cet espace intime que se dressent les murs d’une forteresse, si on
n’y prend pas garde. De nombreuses femmes opérées optent pour le repli sur soi
tellement naturel, vu le trop-plein de souffrance ! Pour éviter le sentiment
d’humiliation, certaines cachent leur corps, des années durant... Cette
habitude s’ancre très rapidement car elle apporte un précieux sentiment de
sécurité, la fuite étant la solution la plus confortable face à l’inacceptable.
» — Elena SVIANA
La peur de la récidive
« Alors je respire, je me calme et je reste dans le moment présent. C’est ce
que nous faisons. Nous continuons à avancer, reconnaissantes pour notre bonne
santé, appréciant les médecins, les infirmières, les thérapeutes qui nous ont
aidées, reconnaissantes pour notre famille et nos amis qui nous ont soutenues,
mais prudentes, toujours prudentes. » — A.R.
Quoi ne pas dire
« Je crois que la raison pour laquelle une personne dira presque certainement
la mauvaise chose est qu’elle se sent mal à l’aise, mal- adroite ou effrayée.
C’est dans la nature humaine de vouloir répondre, mais honnêtement, il n’y a
rien de juste à dire en réponse à : « J’ai le cancer. » Malheureusement, il est
trop courant que quelqu’un dise la mauvaise chose, et j’ai compris que cette
réaction se produit généralement lorsque quelqu’un essaie de compatir avec
vous, mais que cela les terrifie pour eux-mêmes. » — Shanna McCord
La famille et les proches
« Il est parfois important de reconnaître la réalité de la situation et à quel
point cela peut être effrayant. J’ai appris que certaines personnes se replient
et évitent de parler du cancer afin de ne pas avoir à affronter des émotions
difficiles, alors que la personne atteinte de cancer a simplement besoin de
quelqu’un à qui parler. » — Dominique
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