Parent à bout de souffle!

Le soleil se couche vraiment tôt ces temps-ci.  La seule clarté de ma journée vient des néons de l'hôpital ou je travaille. Reculer l'heure, c'est de l'arnaque!  On dirait qu'on se fait voler quelques heures de nos journées, qu'on est plus fatigués, mais ce n'est qu'une illusion d'optique.  Cette période est aussi le moment de l'année ou j'ai le moins de chance de devenir maman de l'année car celle-ci est souvent source d'irritabilité accrue pour moi.

Il y a quelques années, assise sur le divan, j'ai regardé mes enfants dans les yeux et je leur ai annoncé que maman et papa ne vivraient plus ensemble.  Ce fut un moment marquant pour ma fille aînée surtout, qui me reflétait le choc, l'incompréhension et la peur dans son visage. Impuissante, j'ai ensuite déposée doucement mes mains sur ses épaules, je l'ai fixé dans les yeux et je lui ai fait une promesse.  La nouvelle était difficile à accepter mais je lui ai promis que tout irait bien, avec le temps.

Les murs de sa nouvelles chambres se sont couverts de dessins de bonhommes allumettes, sourire à l'envers.  Quelques semaines plus tard, les sourires se sont manifestés de l'autre sens...


Quelques mois plus tard, un jeudi soir, je termine le travail un peu tard.  Il fait tempête dehors et j'essais de me dépêcher malgré le fait que je ne vois que de gros flocons devant moi.  Le service de garde est terminé et j'imagine mes enfants se sentant abandonnés avec une éducatrice tapant du pied, fâchée d'avoir à rester plus tard. J'essais d'appeler pour aviser du retard mais la batterie de mon téléphone ne m'accorde pas cet appel.  J'avance lentement et tout à coup, l'auto d'en arrière décide que mon niveau de stress n'est pas assez élevé et me rentre dedans. Je n'ai pas le temps d'arrêter et parler d'assurance car je dois sauver mes enfant de l'éducatrice qui crache du feu! Après avoir pelleté ma cours pour stationner la voiture, nous entrons dans la maison à 19:00 ce qui me donne amplement le temps de faire un souper, les devoirs et les bains car l'heure du dodo est 19:30.  Le souper doit  être sans gluten pour ma fille nouvellement diagnostiquée.  Je regarde désespérément dans le placard et tout semble avoir du gluten. Tout d'un coup, j'entend un son alarmant!  Ma fille de deux ans a échappé le deux litres de lait qui s'échappe avec presse sous le frigo.

J'ai compris à ce moment précis comment l'être humain pouvait devenir agressif et perdre contrôle en une fraction de seconde. Je me suis saisis, j'ai affiché un sourire épeurant et dit à mes filles de svp se diriger vers le salon le plus vite possible.  Elles ont écouté!  J'ai pleuré... Je ne pouvais imaginer être plus exaspérée....  Et le souper lui?

Des petits pas sont revenus dans la cuisine une fois le lait disparu.... Ma fille me regarde et dit:  ''Tu sais maman, une grande personne m'a une fois promis, dans un moment difficile, que tout irait bien, elle me l'a promis et a tenue sa promesse.  Je te fais la même promesse! ''  Je n'oublierai jamais ce moment. Et sa promesse, elle l'a tenue!

L'absence de lumière du jour me joue des tours ces temps-ci.  Les obstacles semblent s'accumuler les uns après les autres....  Une petite pluie persiste et encore une fois, ma grande qui est presque aussi grande que moi m'a répété ces mots, comme si elle lisait dans mes pensées.

La vie de parent n'est pas toujours facile.  La liste est toujours bien longue et le sentiment de culpabilité nous hante souvent.  La liste sera toujours là, toujours pleine et c'est à nous de saisir des petits moments de bonheur à tous les jours même lorsqu'il pleut. Ces moments sont à la portée de nos mains.  Il s'agit d'ouvrir les yeux.

Nous avons le droit de se sentir dépassée! Mais je vous répète les mots d'une grande fille très sage; que cette pluie est temporaire et que tout ira bien.  Je le promet.  Il s'agit d'y croire.

Comme le dit si bien mon père; ''après la pluie, le beau temps''!