Apparement il y a un film qui a paru il y a quelques années qui s'intitule ‘’Sarah aime la course’’. Je ne l’ai jamais visionné mais je crois qu’il me plairait. Je cours depuis que je suis toute petite. Ma passion a surtout fait surface lorsque j’ai commencé à courir après mes enfants. La petite avait deux ans. Je courais après le temps. J’en ai donc profité pour courir un peu plus.
Je peux paraître excessive aux yeux des gens qui courent un peu moins mais je travaille fort pour garder l’harmonie et l’équilibre avec la vie de famille, le boulot, les amies et le lavage. Pas plus que deux marathons par année et quelques autres petites courses.
Maman monoparentale, j’ai la chance d’avoir des enfants autonomes et d’habiter près du boulot ce qui me permet d'intégrer mon entraînement avec mon moyen transport au travail. De cette façon, mes enfants ne souffrent pas de l’absence de leur mère qui court toujours…
Pourquoi je cours autant? Lorsque j’étais perdue dans la vingtaine, ne sachant pas ce que je voulais faire de ma vie, regardant tous les autres se diriger fièrement vers leurs diplômes la tête bien haute…. peut être que la course me donne aujourd'hui ce sens de direction qui me semblait jadis inaccessible...
Peut être que la course me fait sentir invincible et forte. Peut-être même que mes moments de course me permettent de méditer et même de m’éloigner des fardeaux quotidiens dont les querelles et les cartes opus perdues. Loin de mon impuissance à faire comprendre l’histoire du propriétaire d’un dépanneur qui achète 120 boîtes de 6 barres tendres. Il en vend 520 le lendemain et on veut savoir combien il en reste.
À tous les matins, vers 6 heures, je réveille mes filles, leur déjeuner est prêt et le lunch est sur le bord de la porte. Maman prend la route gâtée par les nombreuses surprises que me réserve mère nature. ‘’There's no such thing as bad weather’’ ‘’It’s all a matter of clothing''.
Le 16 Avril 2018 avait lieu le mythique marathon de Boston, la 122eme édition. C’était mon 4eme marathon de Boston. Avec une centaine de km par semaine depuis le début de l’année et de nombreux entraînements à Rigaud avec de solides coureurs, j’étais prête à affronter ce parcours qui m’intimide encore aujourd’hui!
À 6:00 du matin, je n’ai pas quitté ma chambre d’hôtel que j’entend déjà le sifflement du vent à l’extérieur. La pluie tapisse ma fenêtre qui donne vue sur un Boston sombre et humide. Je me sens à l’abattoir me rendant à l’autobus scolaire qui me transporte à 42 km de Boston. Je ne vois pas les rameurs de Harvard cette année car les fenêtres de l’autobus sont couvertent d’humidité.
J’attends une heure et demi mon départ dans la grande tente blanche qui accueille environ 27 000 coureurs sur un tapis de boue glissant! Après 15 minutes de marche dans la pluie et le froid, tout se passe très vite… Tout ce que je sais est que j’ai fait une longue sortie de course parmi des milliers de coureurs passionnés.
Deux jours avant de courir ce marathon, il y avait ce sentiment de déception d’avoir fait toute cette préparation et d’avoir à traverser ces villages dans des conditions déplorables. Après avoir franchi la ligne d’arrivée, s’installe ensuite un sentiment de fierté d’avoir complété le marathon de Boston 2018 dans ces conditions. Pour ma part, non seulement je l’ai complété mais j’ai fait mon meilleur temps et me retrouve au 7eme rang chez les Québécoises.
Après avoir retrouvé les bras accueillants de mon amoureux, de m’être changée dans des vêtements secs, mes doigts tremblants tentent d’ouvrir mon téléphone. Remplie d’émotions, je visionne une vidéo de mes collègues de travaille qui me félicitent avec enthousiasme. Mes pensées se concentrent ensuite sur Nicole, une marathonienne de la vie qui nous a quitté il y a deux mois. Elle était la première à me féliciter sur Facebook...
Le marathon de Boston 2018 est mon plus grand accomplissement sportif. C’est une épreuve que j’ai choisi de faire en pleine connaissance de la préparation qu’elle implique, du parcours, de la distance et d’une ligne d’arrivée qui se retrouve au 42eme km.
Ma chère Nicole a confrontée son parcours sans toute cette préparation, sans savoir s’il y avait une ligne d’arrivée. En fait, cette épreuve, elle ne l’a pas choisie. Heureusement sa familles valait 100 fois les bénévoles et 500 000 spectateurs de Boston et voilà ce qui m’apaise dans cette épreuve qu’elle a affrontée avec le plus grand courage malgré son départ beaucoup trop tôt.
Peut être que j’aime la course parce qu’elle me donne ce sens de direction et peut-être que c’est parce qu’elle me donne du temps pour moi. C’est par contre peut-être aussi car j’ai une grande admiration pour Nicole et tous les gens qui confrontent de grandes épreuves qu’elles n’ont pas choisies. Alors peut-être que c’est pour pousser mes limites et me convaincre que je serai peut-être forte lors d’un prochain moment d’impuissance...
Peut-être que ce n’est pas important de savoir pourquoi j’aime la course. Tout ce que je sais, c’est que lundi, en traversant la ligne d’arrivée sur la rue Boylston à Boston, je ne m’aurai jamais senti aussi vivante! J’essaie donc d’en profiter encore pendant que je le peux.
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