Je suis une passionnée de la course à pied. À un tel point que mes chaussures de course sont mon moyen de transport de choix pour me rendre au boulot. Lorsque je cours, j'écoute des podcasts. J'en ai écouté un récemment qui avait comme invité, un ultra-marathonien que j'admire, Dr Tommy Rivs. Il s'est mis en isolement au début de l'été pensant qu'il était atteint de la covid. Quelques jours après, il était intubé. Son diagnostique, un cancer agressif qui attaque ses jeunes poumons. Il a trois jeunes fillettes. L'émission que j'écoutais a été enregistrée avant qu'il devienne malade. Il parlait du privilège incroyable qu'il avait de courir et de participer au marathon de Boston mais surtout, du privilège d'habiter en Amérique du Nord. ''Même avec une journée ''merdique'', nos conditions de vie sont mieux ici que 98% du reste de la planète, et ceux qui nous ont précédés'' a t'il dit.
L'année 2020 nous met constamment à l'épreuve...
Ceux qui ont travaillés sont fatigués. En tant qu'infirmière, j'ai vu des scènes que je ne souhaite pas revoir. Les vacances ont été réduites, les journées bien remplies mais notre travail a été apprécié par plusieurs. Nous nous sommes sentis utiles.
Certains ont perdus leur boulot, leur travail n'étant pas qualifié d'essentiel. Ils ont aussi perdu une partie de leur identité, leur sentiment d'accomplissement, de contribuer à la communauté, de cette capacité de faire vivre leur famille. Ces gens sont fatigués aussi.
Certains ont été isolés dans leur chambre, pendant des mois. Avec la meilleure intention de les protéger, ils ont été isolés. Certains déments, d'autres limités physiquement, ces gens sont aussi fatigués, fatigués d'attendre devant les nouvelles de leur télévision qui ne parlent que des chiffres et des décès, leur rappelant à tous les jours qu'ils font parti des gens à risque s'ils attrapent ce virus invisible.
Certains se sont inquiétés pour leurs parents sachant que ceux-ci étaient seuls et sans ressources... Eux aussi, ils sont fatigués...
Une patiente a récemment refusé un traitement pour son cancer car elle ne se sent pas malade. Après une longue discussion, je comprends que ce n'est pas elle qui refuse le traitement mais sa dépression. Une dépression qui semble avoir été déclenchée par cette pandémie. Par le fait qu'elle habite seule et que l'isolement n'a qu'accentué sa solitude.
J'écoutais récemment sur les ondes de Radio-Canada une étude qui expliquait le phénomène de dépression saisonnière. Tromsø est une île de 70 000 habitants à 22 heures de route au nord d'Oslo. Dans cette ville, le soleil ne se pointe pas de novembre à janvier. Des chercheurs ont démontrés que malgré ce long manque de lumière, les cas de dépressions n'augmentent pas durant l'hiver chez ces habitants. L'huile de foie de morue, les lampes spécialisées, les sports d'hiver étaient des hypothèses pouvant expliquer pourquoi. Mais finalement, la résilience de ces habitants fut expliquée par leur acceptation de la situation et la gratitude envers les côtés positifs que cette saison peut offrir.
La deuxième vague est arrivée. Les cas augmentent et les mesures restrictives également. Cette pandémie est difficile pour tous pour des raisons différentes; surcharge de travail, difficultés financières, sentiment d'abandon de nos parents, fermeture de commerces, diminution de la socialisation chez nos jeunes, études à la maison un jour sur deux...
Les activités sportives sont également en arrêt ce qui peut paraître banal pour certains mais très difficile pour plusieurs ados. Plusieurs s'identifient par leur sport. Ils se lèvent tôt le matin avec leurs objectifs comme motivation. Sans le savoir, ils apprennent à organiser leur temps entre les études, le sports et les amis. Ils se préparent à la vie d'adulte. Le banc d'école ou la table de cuisine ne sont pas suffisants. On leur dit qu'on récolte ce que l'on sème mais c'est temps-ci, pour plusieurs, il ne semble pas y avoir grand chose à semer...
Et si nous changions notre façon d'approcher cette pandémie et agissions comme ces habitants de Tromso? Cette deuxième vague est inévitable. Nous avons le choix de la résister et de critiquer tout ce qui nous est enlevé ou bien au contraire, accepter la situation présente sachant qu'elle est hors de notre contrôle.
Ce qui est en notre contrôle est le pouvoir de changer notre dialogue devant nos enfants. Si nous critiquons à voix haute toutes les restrictions, nous leurs apprenons à ne pas croire à la science, à notre société, à la démocratie. Nous pourrions par contre souligner tous les points positifs que nous observons chez eux. Leurs dire que nous sommes fiers de l'espace de travail qu'ils se sont organisés. Leurs dire que nous observons leur résilience, leur patience et leurs efforts. Lorsque j'étais petite, ma mère me disait que je lavais les fenêtres à la perfection. Peut être qu'elle le disait pour m'encourager à le faire mais cela fonctionnait. Je ne laissais personne d'autre faire cette tâche. Et si nous leurs disions qu'ils s'adaptent bien à cette situation difficile. Ils le croieront aussi et resteront motivés à bien s'adapter...
Les remerciements envers nous, le personnel soignant m'a grandement touché depuis le début de cette pandémie. C'est vrai que nous avons travaillé fort mais je reconnais le privilège que j'ai d'avoir un revenu et une sécurité d'emploi.
Les temps sont difficiles pour les commerces locaux alors pourquoi ne pas tenter de changer nos habitudes, acheter local et partager nos découvertes avec nos voisins et amis. Ma découverte cette année est le restaurant mexicain El Meson sur la rue St-Joseph à Lachine. Nous commandons “pour emporter” régulièrement. Une autre découverte est la boutique Glup sur la rue Notre-dame. Une boutique d'accessoires pour les bébés et les enfants. Dans cette boutique, je remplie mes bouteilles de savons à lessive, vaisselle, shampoing, revitalisant... ce qui me permet d'encourager un commerce local ainsi que de diminuer ma consommation de bouteilles de plastique. Et vous, quelles sont vos découvertes?
Pour briser l'isolement, nous pourrions se jumeler à une personne âgée de notre voisinage, l'appeler une fois par semaine et lui offrir de l'aide au besoin? Cela pourrait aider à rebâtir un sentiment d'accomplissement?
Finalement ce que je trouve le plus surprenant dans cette crise est la colère qui ressort sur les réseaux sociaux. La plus grande peur de l'humain à part la mort est de se sentir rejeté/humilié et plusieurs, qui ont eux même cette peur, le font avec des répliques blessantes à des inconnus, sans rancune, comme si l'écran leur enlevait toute empathie. Apprenons à accepter qu'on ne sera jamais tous d'accord sur tout. C'est la beauté d'une société. Seul, nous ne vaincrons pas ce virus. Mais à plusieurs et dans le respect, cette épreuve hors de notre contrôle sera un peu moins difficile.
Quand je pense aux pays en guerre, aux pays pauvres où l'eau potable et l'électricité sont difficiles d'accès, où les écoles sont lointaines, où les femmes n'ont pas le droit à l'éducation, je réalise que même en temps de pandémie, nos conditions de vie sont mieux que 98% du reste de la planète. Certains diront que cela ne veut pas dire que l'on doit tout accepter sans dire un mots. Je suis d'accord mais soyons un exemples pour la génération qui nous suit et exprimons nous dans le respect!
En cette fin de semaine de l'action de grâce, pratiquons la gratitude. Bonne longue fin de semaine à tous!
Ma gratitude est envers ma famille, mon conjoint, ma santé et ma sécurité... Et vous?
Magnifique texte 👌🏻🙏🌈
RépondreSupprimerMerci beaucoup 🙂
SupprimerMagnifique texte 👌🏻🙏🌈
RépondreSupprimerSuperbe texte. Bravo! Et c'est tellement vrai que la façon de voir le tout et surtout, de faire voir le tout à nos enfants impactera tellement leur façon de vivre cette crise...
RépondreSupprimerMerci beaucoup Karine! 🙂
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