Une agression sexuelle, un ingénieur et un magistrat errant


Un entraîneur dit à son athlète de 16 ans qu’il a des érections lorsqu’il la regarde s’entraîner. Il pointe son doigt à l'évidence et lui offre de vérifier s’il dit vrai…


Du GHB est glissé dans le verre d’une ado de 18 ans. Elle avait déjà quelques bières dans le corps et se souvient de très peu de détails. Un énorme sentiment de culpabilité et de honte l'empêche de porter plainte.


Un collègue agrippe les fesses de sa collègue. Prise par surprise, elle ne dit rien et tente de prétendre que cela était un fruit de son imagination. C’est beaucoup moins compliqué comme ça même si cela s’est produit une autre fois ou deux.


Un employé d’épicerie complimente une mère devant ses jeunes enfants lui disant qu’elle a “des christ de belles fesses”. La mère est soulagée que les enfants n’ont pas compris et les poussent rapidement vers la prochaine allée.


Deux hommes regardent une coureuse et lui crient "check s’y l’beau cul”! La coureuse continue et fait semblant de ne pas entendre. Une fois chez elle, elle s’en veut de ne pas avoir arrêté et demandé à ces hommes s’ils seraient flattés de savoir que leurs filles ou épouses recevaient de tels "compliments".


Une ado marche à son activité et un homme qui a le double de son âge ralenti sa voiture, baisse sa fenêtre, la dévisage de la tête aux pieds et commente son corps et ses belles jambes. Cette jeune femme aura une première discussion avec sa mère ce soir là, qui lui dira que cela ne sera pas la dernière fois. Bien sûr la discussion doit s’étaler sur les risques possibles et les actions à poser si le pire arrivait…


Mais le pire, c’est quoi?


Pas tout geste dégradant est nécessairement criminel j’en conviens. Mais lorsqu’il y a crime, les victimes ne sont pas portées à porter plaintes. Selon statistique Canada, 30 % des femmes ont vécu au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 15 ans.

90% des victimes ne portent pas plainte.


Récemment, une femme a décidé de faire parti du 10% des femmes qui portent plainte et un juge, celui qui a comme mission de rendre justice dans le cadre du droit, a jugé que l’application de la loi aurait un impact négatif sur la vie de l’agresseur. Ce jugement semble véhiculer un message à notre société, victimes incluses que “le pire” n’est pas si pire selon la durée, la profession ou les risques de récidives…

L'impact de l'application de la loi serait-il plus grand que celui laissé par l'agression?


On se demande ensuite pourquoi les victimes ne portent pas plaintes….


Une femme lit un article de La Presse citant qu’un magistrat de Trois-Rivière a accordé une absolution à un homme qui avait plaidé coupable à des accusations d’agression sexuelle et de voyeurisme à l’encontre d’une étudiante endormie. Ses yeux survolent les raisons de cette absolution avec colère. Des images de souvenirs amers nommés ci-haut refont surface. Cette femme aurait souhaité lire d'avantage sur un juge qui reconnait l’impact des agressions sur les femmes, de l’accompagnement de celles-ci et de l’imposition d’une thérapie obligatoire pour les agresseurs. Le mot absolution dans cette histoire fait réagir, fait ressentir...


Si cette femme pouvait demander une question à ce juge, celle-ci serait de lui demander si sa décision aurait été la même si la victime avait été sa fille ou son épouse? Est-ce que la durée de l’acte ou le fait qu’il vient d’une bonne famille ou même le titre de son emploi aurait été un facteur?


Et donc cette femme doit dire quoi à ses enfants si le pire leur arrivait? Que la loi les protégerait? C’est triste à dire mais il semble qu’on est encore à l’étape de la manifestation et ce en 2022!


Qu’attendons-nous, comme société de saisir cette énorme opportunité issue de cette histoire pour renverser les statistiques. Malheureusement, il y a encore tellement de chemin à faire.


Sérieux, qu’attendons nous?

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