Elle marche 90 km par semaine et joue au volley ball depuis 40 ans.
Son chien est euthanasié un vendredi matin suite à de violentes épisodes de convulsion.
En fin d’après-midi, un mal de tête s’installe.
Sa fille l’appelle et une inquiétude surgit graduellement.
Sa voix est faible.
Je lui demande de prendre sa pression artérielle qui est vraiment élevée.
Le mal de tête est insupportable et accompagné d’un serrement dans la mâchoire, nausées et vomissements x 2.
Deux heures de routes plus tard pour me rendre chez ma mère, un antihypertenseur et une aspirine administrée, la pression reste élevée mais le mal de tête et le serrement dans la mâchoire diminuent en intensité.
Départ pour l’urgence.
En pré-triage l’infirmière demande de citer la raison de la visite en 2 mots.
- Hypertension, serrement de mâchoire, nausées et vomissement.
Sa réponse: “j’ai dit 2 mots,” et ferme sa fenêtre.
Une heure d’attente avant d’être triée.
Une heure plus tard, l’ECG est fait.
Cinq heure plus tard, il est 2:00 am personne n’a encore parlé à ma mère.
On m'avise avec impatience qu'elle pourrait attendre encore 5 heures.
Elle me supplie de la reconduire à son lit chez elle.
Elle me supplie de la reconduire à son lit chez elle.
Par précaution, le lendemain matin, consultation au privé.
Considérant l’ECG qui a été fait à l’urgence, que j’ai pris en photo et considérant les symptômes, on nous redirige vers l’urgence. Alors, référence en main et 200$ plus tard, le processus d’attente recommence dans cette salle aux odeurs qui lèvent le coeur et aux sons de wheezing, toux et cris de temps en temps. Elle est finalement prise en charge, du moins, plus que la nuit précédente...
…
Ce qui me perturbe dans tout cette péripétie et que sans ses enfants, elle n’aurait été vue, ni entendue.
C’est aussi que la prochaine fois, elle ne voudra pas aller à l’urgence de crainte que la même situation se reproduise.
Les urgences sont effectivement surchargées. Mais quand une femme de 75 ans qui prend soins d’elle et qui n’abuse pas du système, n’arrive pas à voir un médecin lorsqu’elle en a réellement besoin, c’est extrêmement préoccupant.
Et si quelqu’un osait mentionner que les hôpitaux souffrent à cause du personnel qui migre au privé, je répondrais que le personnel ne gère pas le réseau, il le subit ce qui entraîne de lourdes conséquences.
J’écoutais un podcast ce matin, dont l’invité est Kristen Holmes, une scientifique de la santé. Elle présente régulièrement des études qui démontrent l’impact des horaires de professionels qui ont des horaires variés. Elle défini le risque comme; toute personne éveillée pendant plus de deux heures entre 22 heures et 4 heures du matin.
"Nous savons que ces gens mourront en moyenne 15 ans plus tôt". "Le travail posté est considéré comme cancérigène par l'Organisation mondiale de la santé."
Dans ce podcast, elle explique qu'une grande partie de son travail consiste à apprendre à « compenser » les effets négatifs du travail posté sur la santé.
Après 20 ans comme infirmière au public avec ce type d’horaire varié, j’ai pris la décision de migrer vers un horaire qui prioriserait ma santé. Le médecin privé qui nous a retourné à l’urgence a également travaillé 20 ans au public.
L’urgence ne devrait pas s’appeler “urgence”, elle devrait s’appeler, l’attente malgré l'urgence. Ce que j’en retiens est que notre réseau a besoin d’un bon triage. Celui-ci semble lui aussi avoir été oublié dans la salle d’attente.
Je sympathise avec le personnel qui n’est simplement pas suffisant, qui est équisé et qui ne réalise peut être pas à quel point ce rythme de vie impactera leur vie à court et à long terme. À quand la sensibilisation et les outils pour compenser l’impact très sérieux de ces horaires sur les anges gardiens?
“Elle est probablement triste à cause de son chien.” La phrase thème du weekend. Possiblement, mais ma mère mérite mieux qu’un probablement, on le mérite tous. Je pensais que la pandémie ferait réfléchir sur l’approche de soins offerts à nos aînés. Je vois bien que rien n’a changé.
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